Chaque année, bon nombre d’étudiants terminent leur cursus aux Arts Décoratifs de Strasbourg : il faudra un jour se pencher sur les statistiques concernant le nombre incroyable d’auteurs talentueux ayant transité là. Marion Fayolle en est sortie l’an passé seulement, mais on avait déjà remarqué son travail dans la revue Nyctalope, magnifique terrain d’expérimentation graphique qu’elle co-fonda, ou encore dans le trimestriel XXI.

Depuis, cette jeune femme ayant grandi en Ardèche avance ses pions avec une sérénité et une aisance confondantes, même si son intérêt et sa pratique de la bande dessinée arrivèrent tardivement dans son parcours. Les inspirations qu’elle cite lorgnent davantage du côté de la littérature, du cinéma ou du théâtre : on est pas étonnés de découvrir alors des bandes dessinées atypiques, sans cases ni bulles, qui semblent surgir de nulle part ; les histoires de Marion Fayolle sont surréalistes, parfois muettes, souvent absurdes, et évoquent Topor, Jarry, Anna Sommer.

Et lorsqu’elle déploie ses velléités à expérimenter, ce sont des trésors de système narratifs qui apparaissent ; se jouant des incontournables utilisations de l’élipse, privilégiant un rythme unique, et tentant de bien curieux procédés d’impression lorgnant vers l’estampe, toute la théâtralité, toute l’inventivité de son travail fait de Marion Fayolle un nom à suivre de très près, d’ores et déjà.

Séance de rattrapage : “L’homme en pièces” (éditions Michel Lagarde, 2011), “Le Tableau” (Magnani, 2012).