Anders Nilsen a étudié la peinture à l’Université d’Albuquerque puis à l’Ecole d’Arts de Chicago avant de s’y installer pour se lancer, d’abord via l’auto-édition, notamment au sein du collectif The Holy Comsuption, groupe comprenant également John Hankiewicz, Jeffrey Brown et Paul Hornschemeier.

Pendant quelques années, il n’y a guère eu qu’Actes Sud qui s’est intéressé à lui pour traduire son travail, lors de leur toute première salve de bandes dessinées (en 2005) : « Des chiens, de l’eau », dont la particularité française était d’intégrer deux récits différents sans que cela ne perturbe le moins du monde le lecteur, présentait son univers étrange et silencieux, un univers de perdition et d’isolement qui aura marqué ses lecteurs.

Depuis, Anders Nilsen n’a jamais cessé de dessiner, d’exposer, de créer. Son monde fictionnel en continuelle expansion explore la solitude de l’homme parmi ses semblables, tandis que son univers graphique évoque la vulnérabilité des choses, le vide ; et un solide sens de la dérision très prononcé n’est jamais loin, et surtout jamais gratuit. « Big Questions », ouvrage réalisé en filigrane du reste de son œuvre, débuté à l’université et terminé quinze ans plus tard, est paru en quinze fascicules. Quinze ans entre le premier et le dernier, et un gros (et beau) livre-collection traduit par L’Association auront achevé d’inscrire son nom dans le giron des auteurs à suivre (« Big Questions » fut nominé à Angoulême en 2013). Plus récemment, Anders s’est également illustré avec la publication d’un petit pamphlet auto-publié pointant du doigt Amazon, et qui établit un trait d’union assez inédit entre l’auteur et le lecteur. Une belle manière de donner un point de vue sur la notion d’engagement. Et dernièrement, c’est une nouvelle saga prévue sur plusieurs années qu’il sort en auto-édition également.

Enigmatiques et assourdissants, les livres d’Anders Nilsen, emplis d’un symbolisme et d’une réflexion rien moins d’autre que fascinants, sont de véritables trésors qu’il faut chérir, perdus dans le paysage saturé de la bande dessinée contemporaine. Anders a reçu l’Ignatz Award -récompense de ses pairs- pour le très marquant ouvrage « Don’t Go Where I Can’t Follow » ainsi que pour « Des chiens de l’eau ».

(Merci également aux Éditions Atrabile pour ce chouuuueeeeeette partenariat nous permettant d’avoir Anders Nilsen à nos côtés durant PFC#6 et le Festival International de bande dessinée d’Angoulême)

En ligne : andersbrekhusnilsen.comthemonologuist.blogspot.com

Bibliographie :

  • Tongues #2 (2018, autopublication)
  • La Colère de Poséidon (2018, Atrabile)
  • Tongues #1 (2017, autopublication)
  • A walk in Eden (2016, Drawn and Quarterly)
  • Fin (2015, éditions Atrabile)
  • Poetry is useless (2015, Drawn and Quarterly)
  • Conversation Gardening (2014, autopublication)
  • God and the Devil at War in the Garden (2014, autopublication)
  • Rage of Poseidon (2013, Drawn and Quarterly)
  • Big Questions (2012, L’Association) (en français)
  • Big Questions HC (2011, Drawn and Quarterly)
  • The end (2007, Fantagraphics/Coconino press)
  • Big questions#1-11 (1999-2008, Drawn and quarterly)
  • Monologues for the Coming Plague (2006, Fantagraphics)
  • Monologues for Calculating the Density of Black Holes (2009, Fantagraphics)
  • Don’t go where I can’t follow (2006, Drawn and quarterly)
  • Dogs and water (2004, Drawn and Quarterly)
  • Des chiens de l’eau (2005, Actes Sud) (en français)
  • The ballad of the two headed boy (2000, Airplane Books)

Collectifs/zines/anthologies :

  • PFC5 (2015, ChiFouMi)
  • ChiFouMi & Cie (2014, ChiFouMi)
  • Kramer’s ergot#4, 7 (2003-2008, Ginko press, Buenaventura press)
  • Mome#1-7 (2005-2007, Fantagraphics)
  • Bile Noire, spécial 10 ans (2007, Atrabile)
  • Canicola #4 (2006, Canicola)